Je suis Vicenta De Lock de Oda. Elevée jusqu’à l’âge de six ans sur la colonie Jetov IV, j’ai vu mes parents et mes sœurs massacrées sous mes yeux par des pirates. Tout est resté à jamais gravé dans ma mémoire, les cris terrifiés de mes sœurs, les pleurs de ma mère effondrée sur le corps ensanglanté de mon père. Cachée sous le corps de celui-ci, couverte de sang, j’ai attendu il me semble encore aujourd’hui une éternité avant d’oser sortir de ma cachette .J’ai erré des jours durant dans les plaines, apprenant a subvenir seule à mes besoins jusqu’à ce jour où je suis arrivée devant un bâtiment sombre et effrayant. La nuit tombait, quand soudain l’immense porte noire entourée de cadavres putréfiés s’ouvrit dans un lourd craquement. Un homme dans un grand manteau sombre se détacha de l’obscurité et sans un mot me fit signe de m’approcher.
Je suis Vicenta la tueuse. Mon ordre m’a envoyé en mission à Aran,mégalopole monstrueuse, mission parmi tant d’autres depuis seize ans déjà. Arrivée devant la cité, je constate que rien n’a changé. Les gardes de la porte sont de véritables colosses. Une hache gamoréenne à la ceinture, ils regardent en grognant tout ceux qui entrent comme si ils étaient des voleurs et des mendiants. C’est vrai pour beaucoup d’entre eux bien entendu. Aussi, tenter de s’introduire clandestinement dans la cité est un crime, des affiches placées loin des portes le signalent….à ceux qui savent lire. J’ai revêtu les habits d’un pauvre, ils détournent l’attention de mes yeux rouges qui me désignent clairement étrangère à la cité. Ces yeux, la dernière image que mes proies peuvent apercevoir si je leur en donne l’occasion. Ma tête inclinée offre aux gardes l’image du respect. Ainsi je passe sans être arrêtée. Je connais bien cette cité et ses lois barbares ne pardonnent pas. Une main tranchée pour un morceau de pain, un bras pour quelques pièces alors un meurtre…Je me mêle à la foule. Ma cible est un riche marchand caravanier qui possède des trésors que beaucoup convoitent. Avisant la porte non verrouillée d’une cave d’un immeuble apparemment désaffecté, je décide de me glisser à l’intérieur, fermant la porte derrière moi.
Tandis que le soleil disparaît, je sors de ma cachette et me dirige vers la haute cité, tout de sombre vêtue. Je me faufile à travers la cour du marchand et rentre dans la maison. Il est là, endormi devant moi, sa femme à ses côtés. Je connais mon travail et les ordres sont clairs, aucun survivant. Je sors mon sabre et l'approche du cou de la jeune femme quand mon attention se porte vers un couffin. M’approchant, un jeune enfant me regarde et me souris, chose nouvelle pour moi qui ne déclenche que pleurs et râles. Tout se bouscule dans ma tête, les souvenirs affluents, me donnant des sueurs froides. Pour la première fois j’hésite et je sais que ma prochaine action déterminera mon avenir au sein de mon ordre ou plutôt ma vie tout simplement. Je sors sur le balcon, je me sais observée, la mission est trop importante pour que l’on laisse une seule personne l’accomplir. Ils sont deux, des apprentis, déjà dans la chambre et ils ont compris. Un de mes éclairs frappe le corps du premier tueur et je le projette contre la porte de la chambre tandis que j’esquive le sabre du second et lui enfonce le mien dans le cœur en le regardant dans les yeux. Il s’écroule, incrédule.
Le marchand et sa femme me regardent, pétrifiés par la peur. La femme sert son bébé dans ses bras. Avant de quitter la pièce, je murmure « Fuyez, d’autres viendront ...»
Je suis Vicenta la fugitive. Je suis traquée depuis deux ans déjà. L’ordre a déjà envoyé cinq de ses assassins à mes trousses mais ceux-ci ne verront plus jamais le soleil se lever. Ironie du sort, je suis aujourd’hui de retour sur Aran pour affaires, monnayant mes services au plus offrant. Je suis assise à une table retirée d'une cantina. D’où je suis je peux tout voir. Le brouhaha est habituel et mon contact est en retard. J’observe depuis déjà deux minutes cette jeune Togruta qui me semble perdue, à la recherche de quelque chose. Elle n’est pas la pour moi. La tension monte dans la salle quand le barman tente de la molester et de lui saisir le bras. Il n’est pas bon pour moi de me faire remarquer mais quand celui-ci s’écroule sur le sol, je suis déjà en train d’éliminer deux de ses comparses sortant leurs blasters. La rixe tourne rapidement à notre désavantage mais elle se bat avec toute sa rage. Elle ne m’a pas vu lui porter secours, preuve en est du tabouret qu’elle lance dans la foule en ma direction et que j’esquive. Je m’élance vers le comptoir, tranchant dans le vif pour m’adosser à elle. Les présentations sont brèves la foule grondante et menaçante nous encerclant. Une seule issue possible, la fenêtre, je saisis la main de ma camarade d’infortune et nous courrons vers notre salut. Au dernier moment, on m’agrippe et on me fait trébucher. Je sais que mon heure est venue mais je ne partirai pas seule .Je m’apprête à défendre chèrement ma peau quand la jeune fille revient sur ses pas et fait exploser le corps de mon agresseur, stoppant net la progression de la foule de plus en plus importante. Nous profitons de ces quelques secondes de répit pour nous enfuir à travers les rues sombres de la cité et atteindre les bas-fonds.
Réfugiées dans une impasse, je l’observe et tente de comprendre ma réaction de tout à l’heure. Je ne regrette rien et je sais déjà que ma vie de solitaire a pris une autre direction.
« Quel est ton nom ? » Sa réponse tarde à venir. Elle observe ses mains et son étrange tatouage un moment avant de me répondre «Niila».
A suivre......